Un président impopulaire, et alors ?

sondages

À ce jour la côte de popularité de M. Hollande, Président de la République Française, est autour de 15 % d’opinions favorables. Le président précédent tournait autour de 20 %. Il est sûr que ça fait peu. Et régulièrement un éditorialiste pose la question de la légitimité du président (C’est plutôt un journaliste du Figaro quand on parle de M. Hollande, c’était un journaliste du Monde il y a quelques années, allez comprendre !) . De toute façon c’est stupide.

Le Président de la République est élu pour cinq ans, il tient sa légitimité, son pouvoir, des urnes. On prend l’avis de trente millions de personnes qui n’y connaissent rien & y réfléchissent une fois tous les cinq ans & on en sort l’homme qui dirige la France. Le contrat est de cinq ans, la question posée lors de l’élection est "Qui, à votre avis, sera le meilleur dirigeant pour la France pour les cinq ans à venir ?". Pas pour deux semaines, pour cinq ans. Donc le simple fait de poser la question de la légitimité du Président à cause de mauvais sondages en cours de mandat est contraire à la constitution.

Diriger un pays est complexe. Nos dirigeants doivent prendre tous les jours des décisions difficiles. Ce qui implique entre autres deux choses que nos journalistes savent bien mais oublient pour pouvoir pondre leur papier quotidien :

  • Un certain nombre d’actions du gouvernement doivent être discrètes voire secrètes. J’y reviendrai dans un autre billet.
  • Surtout, tout gouvernement doit prendre des décisions impopulaires. Au pire déclarer la guerre à notre voisin. Cas par cas on peut toujours discuter, après coup, la légitimité de la décision mais tout homme d’état doit y être prêt. Il est évident qu’il est plus facile de prendre la décision démagogique de baisser l’âge de la retraite à soixante ans comme l’a fait Mitterrand que de prendre la décision inverse, indispensable mais évidemment impopulaire, de remonter cette limite de soixante à soixante-deux ans ce qui a probablement couté sa réélection à M. Sarkozy.

C’est pourquoi la proposition du parti de gauche de mandats conditionnels n’est que de la poudre aux yeux, de la démagogie pure. un tel système bloquerait toute décision. Prenons un exemple simple : dans une commune où la circulation & le stationnement sont difficiles, le conseil municipal envisage de passer en zone bleue le centre ville (partons du principe que c’est une bonne solution). Avec un mandat révocable une décision forcément impopulaire comme celle-ci et le maire saute. Par contre il peut augmenter les subventions aux associations même si les caisses sont vides : mesure éminemment populaire, il reste en place.

Aujourd’hui des choix doivent être fait : le budget est difficile à boucler, les dépenses de l’état dérapent (à ce qu’on dit, ce n’est probablement pas aussi simple), la sécurité intérieure est menacée etc. Mais notre gouvernement, comme les précédents, semble paralysé à l’idée de prendre des décisions impopulaires. Des ballons d’essais sont lancés (les allocations familiales par ex.) juste pour voir le niveau de réaction en se gardant des portes de sortie, c’est à dire des moyens élégants de ne pas aller jusqu’au bout par exemple faire amender le texte au parlement de manière à ce que la loi soit votée (le gouvernement va jusqu’au bout de ses décisions) mais sans aucune conséquence réelle donc retentissement sur l’opinion ou ses représentants auto-désignés que sont, entre autres, les syndicats et les journalistes.

Il est sûr qu’il n’est pas facile de gouverner en voyant sa cote de popularité s’effondrer de jour en jour surtout quand on espère rempiler pour cinq ans.